Aline Paillé

"Je viens d'ouvrir Babel-Gomme..." par Aline Paillé

Journaliste et productrice à France Culture, le 20 octobre 2017

 

 

J'ai pris le téléphone pour t'appeler Marc, mais les larmes auraient étouffé ma voix et je préfère t'écrire. 
Je viens d'ouvrir Babel-Gomme et je me suis prise à le lire comme un livre avant de l'écouter. À la fin de ta préface, j'étais déjà submergée par les larmes. Des larmes qui venaient de très loin en moi et peut-être même d'au-delà de moi. Une vague, une houle du plus profond du monde. Les images de l'univers et le mystère de ses planètes de la conférence de Bibring hier s'imposent tout à coup ! Serait-ce possible que les 3 temps de tes valses rejoignent le mouvement cosmique de l'univers ? Mais oui ! Je sais que dans une valse on peut se libérer de la pesanteur, entraîné.e par l'attraction de tes notes et de ton regard. Oui Marc, je te croyais ange, mais tu es aussi un peu diable ! 
Tes musiques comme tes mots nous embarquent dans ton rêve de voyage, sur tes routes ! Du temps passé au temps présent dans un désir de futur qui ressemble à nos rêves et à nos utopies, plus de frontières ! Curieusement la physique quantique a donné raison aux poètes qui le savaient depuis toujours! 
Je pleure encore car tu as fait tomber les digues que l'on se construit pour ne pas avoir peur de la beauté du monde, surtout de l'idée qu'un jour il nous faudra la quitter. Cette beauté du monde n'est pas ignorante ou méprisante de ses violences et de ses drames, comme la joie de la musique n'ignore rien du labeur qu'il a fallu pour la trouver. Et j'aime cela aussi dans ton œuvre. Le symbole le plus délicat et puissant de ce palimpseste d'oxymore est tout contenu dans la trame du livret où la trace du passeport de ton grand-père refuse de s'effacer de page en page. Comme tes mélodies qui même lorsqu'elles sont nouvelles semblent déjà nous être familières et venir naturellement se murmurer à nos lèvres. Tes "Mezza voce médecins" sont pour moi, nous qui les écoutons, les fredonnons et les dansons un bain de jouvence. Serais-tu aussi chaman ? 
Je n'oublierai jamais la découverte des 6 premières chansons de Babel-Gomme, chez vous , un dimanche après-midi, avec Marie-Odile et François. J'étais bouleversée par ce que j'entendais, ta voix, tes musiques, tes mots ou ceux d'André mêlés. Cette valse dansée avec Marie-Odile sous ton regard et ton sourire. J'ai la faiblesse de penser que Rue Lucienne est pour moi ! Je sais qu'il n'en est rien mais lorsque je l'entends je suis à la fois Lucienne et toi enfant la regardant valser... voilà les miracles dont sont capables les œuvres ! 
Merci Marc, merci Odile, merci les amis de voyage, un voyage dont on aimerait que le train ne s'arrête à aucune gare.  
Je t'embrasse, je vous embrasse tendrement 
Aline 

Post-scriptum (on est obligé de l'écrire en entier pour ne pas enrager !) 

Mais non ! Perrone ni ange, ni diable, ni chaman: poète ! 
Pardon à la mère de Bibi de l'avoir appelée Lucienne ! 


Pour Marie-Odile :

Merci d'avoir redonné vie à ce poème magnifique de Baudelaire avec une voix claire et profonde à la fois sur une musique qui lui va comme un gant ! 
Quant à Vacarme, alors là ! Le poème est magnifique et juste ! Poème et en même temps très belle analyse de la violence de notre temps ! Et ta voix Marie-Odile qui prend là des tons que je ne lui imaginais pas, des tons d'automne, toi qui es souvent à l'unisson du printemps ! Magnifique ! 
Et tes poèmes ! Sorrows, La Lampe ! Je suis bouleversée de ton élégance pour dire des choses si profondes et terribles et terriblement universelles ! 

À vous deux :
C'est fou mais je vous découvre alors que je croyais vous connaître ! 

À vous tous, les compagnons de voyage :
Du violon à l'accordéon, de la clarinette au mélodica, des voix d'André au souffle de vos instrument jusqu'à la montée du fil rouge, jusqu'aux étoiles de Romain Guimard, vous tous dans l'oreille de Patrick Sigwalt, merci ! Vous ne saurez jamais les pas que j'ai dansé sur vous, les larmes et les images, l'envie de vire et le bonheur d'aimer que vous m'avez donnés. Merci 

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